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jeudi 2 juin 2016

Alphabétisation


Classe d'alphabétisation faite dans un apatame à Lokpergou


« L’alphabétisation change la vie et même davantage, elle en sauve. » Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco
« Aujourd’hui, 16 % de la population adulte mondiale est analphabète, soit 781 millions de personnes. Parmi elles, deux tiers sont des femmes.
L’instruction permet aux femmes de connaître les bonnes pratiques d’hygiène, de protection contre certaines maladies (sida, paludisme, malaria…), de bien administrer les médicaments, de faire appel à des sages-femmes pour le suivi des grossesses. Ainsi, le Nigeria – qui a un des plus faibles taux d’alphabétisation – a mis en place une réforme de l’éducation dans les années 1970. Elle a été suivie d’une baisse de 29 % du taux de mortalité maternelle. »
(source : La Croix, Anaïs Brosseau, le 08/09/2014)

Classe à Boré.


Au Togo, les adultes n'ont pas de deuxième chance s'ils ont raté la période de scolarisation et l'alphabétisation est un sujet qui a toujours été à notre programme. Nous ne l'avions pas encore abordé. Maintenant c'est fait ! 
Des classes ont commencé à Boré et à Lokergou et notre ami Michael*, qui gère le projet, nous a demandé une rallonge de budget (accordée) pour pouvoir également organiser des cours à Nagou et à Djapack. Les classes ont beaucoup de succès car les adultes, les femmes notamment, savent instinctivement qu'on fait difficilement du développement avec des analphabètes. 

*rappel : Michael est le Peace Corps qui vit à Nagou depuis plus de six mois

Un professeur de l'école primaire fait la classe

 

Pourquoi plus de femmes sont analphabètes ?

Pour de multiples raisons : les femmes sont requises aux corvées d'eau et aux corvées ménagères et sont souvent absentes de l'école. De plus pour s'inscrire à l'école il faut impérativement un acte de naissance. Or les filles ne sont pas toujours déclarées (bizarrement les garçons n'ont pas ce problème !). Les femmes accouchent chez elles et ensuite, c'est l'homme qui déclare l'enfant au chef de village ou au chef de canton. Si ce n'est pas fait dans les trois mois il faut passer par le tribunal. C'est long et compliqué. Une amie togolaise m'a confié qu'elle devait à opiniâtreté de sa maman d'avoir pu avoir enfin un acte de naissance (et par là une existence légale) et de pouvoir aller à l'école. Pour toutes ces raisons, le taux d'analphabètes est plus élevé chez les femmes.

Quels bénéfices attendre de l'alphabétisation des femmes ?


  • La femme alphabétisée mettra à coup sûr son enfant à l'école. Il y a un dicton en Afrique qui dit : « Une maman alphabétisée, c’est 6 enfants scolarisés ». Aucune statistique ne confirme l'exactitude des ces chiffres mais les faits confirment que les mamans qui savent lire, écrire et compter sont encore plus conscientes de la nécessité de donner une éducation à leurs enfants et sont prêtes à de grands sacrifices pour qu'ils aillent à l'école. Dernier argument de taille : comment une maman peut-elle aider son enfant si elle-même ne sait ni lire ni écrire ?
  • La femme a un rôle économique essentiel dans le foyer africain. C’est la femme qui achète, qui vend et qui gère le budget familial (sauf le budget boisson du mari). C'est la femme qui va au marché et a souvent un petit commerce (savon, légumes du jardin...). Ainsi en avril dernier, notre acheteur de maïs était une femme (et cela c'est un très gros commerce). Mais pour cela, il faut qu'elle ait des bases et qu'elle sache compter.
  • Elle a enfin un gros impact sur la santé du foyer. Savoir lire et compter lui permet de mieux comprendre les campagnes de vaccinations, de bien doser les médicaments donnés par la sage-femme ou l'infirmier car même si c'est écrit en français et qu'on lui enseigne le Moba, la langue locale, les chiffres restent les mêmes dans les deux langues. Et une fois que le processus de lecture sera enclenché, elle pourra alors apprendre quelques mots de français.

Pourquoi des classes exclusivement féminines ?

 

On ne mélange pas les genres car la femme osera beaucoup moins s'exprimer si des hommes sont là, pour respecter la hiérarchie sociale et de peur des moqueries. La hiérarchie homme-femme et leur interaction en sphère public-privé sont encore très présentes dans la société togolaise. 
Les hommes auront leur tour et leur cours plus tard. Pour l'instant, comme nous ne pouvons pas tout faire, nous privilégions l'efficacité, donc les femmes.




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