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lundi 3 mars 2014

Les grottes de Nok

Les grottes de Nok sont à quelques minutes de voiture du village. Ces grottes sont l'un des deux sites touristiques du Nord du Togo. Lorsque nous nous y sommes rendues, Aline et moi ne savions pas du tout à quoi nous attendre et la surprise fut totale. Comment décrire l'endroit ?
Nous sommes à 400 mètres en surplomb à peu près, le paysage est grandiose, et nous sommes en fait sur un plateau rocheux qui tombe à pic et a vue sur toute la vallée. Fermez les yeux et imaginez-vous transposé dans le Roi Lion. A tout moment vous pouvez vous s'attendre à voir apparaître Simba et son oncle maléfique Scar. La vue est fabuleuse. Rien que cela vaudrait le détour ! Et ce n'est pas tout.

Une vue fabuleuse


Nous descendons à l'aide d'échelles de fer vers les grottes elle-mêmes. C'est très vertical. Aline a le vertige et je suis claustrophobe. Voilà Patrick bien entouré !



Nous apprenons que les grottes de Nagou servaient autrefois au XVIIIe et XIXe siècle de refuge contre les pillards. Par un système assez sophistiqué les villageois étaient prévenus de l'arrivée des pillards et allaient se réfugier dans les grottes. À l'époque, bien sûr pas d'échelle de fer, les gens descendaient à l'aide de lianes (enfants et vieillards ???). On en voit d'ailleurs les vestiges.
En fait, ces grottes sont l’exploitation de failles naturelles dans la falaise. Elles ont été « aménagées » et des réservoirs à grains servaient à stocker les récoltes à l'abri des pillards.


Greniers pour le stockage du grain, il y en a 134 en tout dans les grottes

Notre guide est un jeune du village. Avec cinq autres ils font visiter aux touristes (oui, il y a des touristes venus d'un peu partout car le site est unique). Tout ce que ce jeune nous raconte lui a été transmis par la tradition orale. Pas de vieux grimoires, juste l'histoire de ce peuple transmise de génération en génération par les anciens. Et cela va dans les moindres détails. Il nous montre par exemple où les flèches empoisonnées étaient rangées à l'abri, afin que personne ne puisse se blesser. Oh ! bien sûr on peut rester septique et se dire que personne n'est là pour vérifier ses dires, mais ce jeune guide est extrêmement intéressant, documenté et sait à merveille nous faire revivre l'épopée des villageois de Nagou se cachant à pour sauver leur vies.

L'histoire raconte aussi que la cachette n'a jamais été découverte et que les pillards sont toujours repartis bredouilles.

Ce site exceptionnel est sur la liste des sites identifiés par l’UNESCO afin d’être classé au patrimoine mondial de l’humanité.  Il le vaut bien. En attendant, il est exploité par le village : 80% des recettes lui sont octroyées, 10% vont à la région et 10% vont au ministère de la culture.

La source de la grotte

 Nagou a un comité des grottes qui en gère l'exploitation. L'argent des entrées est versée sur un livret et sert entre autres aux fêtes religieuses. Mais tout n'est pas absolument clair et il est parfois difficile de tracer l'argent des entrées.  Or il est très important que le sujet soit mis sur la table car les grottes sont une activité génératrice de revenus (AGR) non négligeable. Lors du voyage dernier, coup de pousse s'est employé à faire comprendre aux villageois qu'ils n'auraient rien sans rien et qu’il faudrait puiser dans la caisse des grottes. Aider oui, pousser oui, assister, non. C'est une notion un peu nouvelle pour eux mais Martine (contact RCD), à notre premier rendez-vous, nous disait qu'il fallait juste du temps et de la pédagogie et que si la population s'impliquait nous réussirions. De la part d'une femme qui a fondé un collège et l'a amené à 700 collégiens, c'est un fameux vote de confiance !


À boire !

Lors de ce même voyage de février, Patrick et Aline ont rencontré l’attaché culturel de la région, un homme jeune et très dynamique. Il leur a appris que le ministère du tourisme avait un projet pour valoriser les grottes mais... pas forcément les finances. Il faudrait installer une petite cahutte pour vendre des boissons (on ne pense qu'à cela lorsqu'on remonte des grottes : boire !), et donc mettre un panneau solaire pour fournir de l'électricité, puis faire une plaquette, des affiches (dans l'hôtel « du président » à Dapaong, rien, mais absolument rien de signale les grottes à visiter dans la région !), bref, il faut médiatiser ces grottes. De plus, le village (et le marché du village surtout) est à deux pas. Nagou pourrait alors vendre des produits artisanaux, de la confiture de mangue. etc. L'idée est donc de travailler en coordination avec le ministère de la culture (pas question non plus de saccager ce paysage unique) et d'élaborer un projet qui pourrait être source d'emploi et donc aussi source de revenus (AGR). Beaucoup de travail en perspective mais aussi un beau résultat possible à la clé.



Nous vous quittons sur ce paysage de carte postale. On croit presque apercevoir la silhouette d'un lion, au loin dans la Savanes... Mais non, vous faites erreur, le dernier a été tué dans les années quatre-vingt, au siècle dernier.




 
À bientôt...




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