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mercredi 29 octobre 2014

Pierre-Louis, 22 ans, nous raconte Nagou


Au début du mois, Pierre-Louis, 22 ans et membre de coup de pousse depuis sa création, est allé à Nagou pour la première fois. 
De façon touchante et émouvante, il nous raconte une rencontre...


 

Malgré mon jeune âge, j’ai eu la chance de pouvoir beaucoup voyager et découvrir le monde et ses mille et une cultures. J’ai pu me perdre dans les dunes du désert d’Oman, contempler la faune de la savane tanzanienne ou encore admirer la vue vertigineuse du haut d’un temple maya au Guatemala. Lors de ces excursions j’ai également constaté comment vivaient d’autres populations, bien éloignées du confort parisien. Jusque là, j’étais même convaincu de ma compassion envers ces personnes qui côtoyaient la misère quotidienne. Je me disais que je savais ce qu’ils traversaient, bien que je ne sois pas moi-même dans cette situation. Mais voir ou savoir les choses est bien éloigner du fait d’en avoir conscience.




Quand on fait du tourisme dans un pays relativement pauvre, la misère des habitants fait presque parti du voyage, du folklore inhérent aux lieux et aux paysages si exotiques. On s’émerveille à la vue d’une civilisation différente et l’on s’émeut devant les besoins de la population. Alors, dans un élan de bonté, on donne des sous, crayons et autres objets à quelques enfants qui nous remercient d’un regard brillant, le sourire aux lèvres. Puis on se congratule de notre propre bienveillance. J’ai été et serai sûrement encore cette personne.
Pourtant, aujourd’hui, je n’ai plus envie de n’être que celle-ci, je veux être davantage. Car voilà, il y a quelques semaines, je me suis rendu au Togo avec mon père pour participer à l’avancée de notre association humanitaire coup de pousse.


Pierre-Louis livre avec Martine et Kader (le chauffeur), le matériel pour la cantine


Je ne m’étalerai pas sur tout ce que j’ai pu voir, entendre ou faire ; sur chaque personne que j’ai pu rencontrer qui possèdent, eux, une bienveillance bien autre que celle dont je parlais ci-dessus ; sur chaque paysage représentant une Afrique nous faisant oublier tous nos clichés occidentaux ; ou sur chaque scène de la vie courante, à la fois touchante et terrible. La seule histoire que je veux raconter ici, c’est celle de ma rencontre avec un enfant de Nagou.


Assemblée au village


Pendant plusieurs heures, j’étais resté sur la place du village où sont actuellement les constructions réalisées grâce à l’aide de coup de pousse, à écouter les demandes des jeunes de Nagou (ceux-ci ne voyaient pas souvent un jeune occidental et trouvaient sûrement le « fils du patron » plus accessible pour formuler leurs requêtes). Puis, m’éloignant de la foule et du soleil, je décidai d’aller explorer la partie du village plus « authentique », composée des champs et des habitations. 


La case du nouvel ami de Pierre-Louis


C’est au détour d’un arbre à l’ombre bienfaitrice, qu’un jeune collégien vint me trouver. Je lui demandai ce qu’il voulait, m’attendant à ce qu’il veuille de moi un quelconque objet comme ses camarades. Cependant, celui-ci me dit de le suivre car il désirait me montrer quelque chose : sa maison. Je pus alors voir comment ils vivaient, lui, sa mère et son petit frère, dans une case en terre d’environ deux mètres carré où un nid de mouches avait également élu domicile.



Le fétiche de la famille, objets sacrés, qui ne sont pas montrés à n'importe qui.


Il me présenta aussi fièrement un objet de bois sculpté que j’appris être par la suite une sorte de fétiche animiste protégeant les lieux. Comme cela semblait lui faire plaisir, je pris des photos de tout ce qu’il me montra. Puis je pris l’appareil pour photographier sa mère qui se mit à danser ainsi que son petit frère qui bondissait en riant. Je ne me rappelle pas avoir jamais vu une joie aussi vraie qu’en ces personnes qui savaient que j’emporterai avec moi leurs images en France.

Finalement, le jeune collégien, qui me raccompagna jusqu’à la place, ne me demanda qu’une seule chose : des vélos pour lui et ses quelques camarades qui allaient au collège dans un autre village.


La joie spontanée de la maman de Labelunga

Je ne sais pas encore pourquoi ce souvenir parmi tant d’autres est celui que je désire le plus raconter, mais je suis sûr d’une chose : je ne pourrais jamais enseigner davantage à cet enfant de onze ans, parlant difficilement le français, que ce que lui, m’a appris ce jour là.
Je crois que ton nom est Labelunga mais pour être sûr de ne pas me tromper je dirais simplement : jeune homme de Nagou, merci beaucoup, je veux aider ton village qui m’a donné bien plus que je ne l’ai fait.

Un grand merci à Pierre-Louis de nous avoir fait partager ces émotions et à bientôt pour la suite de cette aventure humaine passionnante...





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