L'un des extracteurs d'oxygène |
Voyage de décembre 2014
Patrick et moi visitons l'hôpital de Dapaong. Le médecin responsable s'appelle Séverin. Nous en avons déjà parlé. Il est rotarien et c'est l'un des deux médecins de Dapaong (notre ville-base à une petite heure des villages). Les couloirs ne débordent pas de malades, nous sommes en saison sèche et il y a moins de cas de paludisme. Les salles défilent, pas toujours remplies. Des lits de fer, un confort très sommaire. Dans une salle, tout seul, posé sur un lit protégé par une housse en plastique vert foncé, un petit bébé. Une petite crevette, avec des tubes partout, perdu au milieu de ce grand lit. Ni Patrick ni moi n’avons de formation ou d'expérience médicale. Nous nous taisons, muets tout d'un coup.
Plus loin, un autre bébé, dans une couveuse. Une crevette encore plus petite, sous oxygène. Séverin se fâche alors et demande à la famille de sortir de la pièce car ils prennent de l'oxygène au bébé. C'est là que nous voyons pour la première fois l'importance et la fonction d'un extracteur d’oxygène*.
Nous sortons de cette visite d'hôpital ébranlés et l'estomac noué.
Voyage de février 2015
Christian nous accompagne. Christian est responsable du matériel dans un grand hôpital parisien. Il visite également l'hôpital de Dapaong en regardant de très près le matériel. Il est, lui aussi, touché par le manque de moyens et les équipements de fortune quelques fois utilisés.
Les machines, qui sont remplacées par du matériel plus récent, ont été révisées sont parfaitement aptes à l'emploi |
Paris, septembre 2015
Patrick reçoit un mail de Christian : « Voici des photos de mes extracteurs d’oxygène que je peux te donner. Je pourrais t’en donner cinq »
Le problème du transport
Le matériel est là, à notre disposition, mais comment l'acheminer ? Il s'agit de matériel médical, réglementé. Donc ce n'est pas aussi facile à faire sortir ou entrer d'un pays que des cartons de Duplo ou des teeshirts. De plus, le Togo taxe maintenant ses importations durement pour protéger son
marché. Il y a juste un bug dans leur loi : il a été oublié de faire
exception de toutes les marchandises apportées par les ONG. Enfin, nous avons Patrick et moi, à nous deux, à peu près 110 kg de franchise de bagages. Même si nous prenons le risque, il nous faudra plusieurs voyages pour les apporter !
Tous les deux avons encore à l'esprit l'image des ces bébés dans l'hôpital de Dapaong. Pas question d'attendre si longtemps ni de risquer de se faire confisquer le matériel. Nous devons trouver une solution.
Les extracteurs emmaillotés. Patrick va les chercher et les apporter à Roissy |
La solution : une chaîne de volontés individuelles !
Il y a d'abord Mamoudou, le président du Rotary-club de Dapaong. Mamadou nous donne le contact de Pascaline. Pascaline est une togolaise qui vit en France. Elle connait des Togolais qui envoient un container à Lomé**. Elle nous met en contact avec Sam en France. Sam organise le transport vers le Togo (pour la petite histoire, nos extracteurs partent avec des lave-linge, fenêtres, vêtements et autres objets divers que nos amis Togolais vivants en France envoient à leur famille). Puis les contacts des Rotariens à Lomé réceptionnent les extracteurs et enfin Salifou, rotarien et notre expert en reforestation et agriculture, rapporte le matériel à bon port.
Les extracteurs sont impeccables. Ils n'ont pas souffert du voyage, ils sont testés : ils fonctionnent parfaitement.
Quel bel exemple de solidarité. Juste en ce moment où on vient de nous montrer comment l'homme pouvait être cruel et sans pitié, le succès de cette opération révèle que les volontés peuvent aussi s'unir pour faire ce qui est juste et bien.
On vous le dit depuis le début : TOUS ENSEMBLE !
*dispositif médical qui fournit un air
enrichi en oxygène.
**Lomé : capitale du Togo, à l'extrême sud du pays. Lomé est à une journée de voiture de Dapaong. C'est un voyage très fatigant de plus de 600 km avec de très mauvaises routes.
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