Marguerite
a essayé de vous faire partager son voyage à l'aide de son appareil
photo. Pour conclure, elle a bien voulu mettre mettre des mots sur ses émotions. Elle vous livre ici ses impressions.
Test d'un lit de repos traditionnel |
Le voyage de coup de pousse ou ma première aventure en Afrique Noire
Je ne
vais pas vous mentir, la semaine précédant le départ j’appréhendais un peu ce
voyage. Je me disais que je n’allais servir à rien pour l’association, que j’allais
être vue comme la petite blanche occidentale qui vient épier comment les gens
vivent de l’autre côté de la barrière.
J’avais aussi un peu peur de me confronter à une pauvreté ambiante à
laquelle, soyons honnête, je ne suis pas vraiment habituée.
Autant
vous dire que toutes ces appréhensions étaient infondées.
Certes
je n’avais pas un rôle clé dans le voyage mais Patrick et Florence ont su
m’impliquer dans toutes les réunions et réflexions. Et puis j’ai apporté ma
petite contribution en mettant au service de l’association mon appareil photo.
Marguerite découvre les grottes de Nok |
Je débarquais de mon monde privilégié où mes problèmes existentiels se résument
à savoir si ce soir je vais courir avec mes copines du handball ou boire un verre
avec une autre amie ou si je vais déjeuner au jap’ plutôt qu’à l’italien du
coin. En face de moi j’ai eu des gens qui vivent avec pas grand chose
voire avec presque rien. Pourtant on ne me l’a jamais fait sentir de façon
oppressante, nous avons été accueillis avec une grande gentillesse et surtout
beaucoup de dignité. Les villageois ne laissent pas transparaitre facilement leur
pauvreté.
Nous sommes allés à Nagou un jour de fête et tout le monde avait revêtu sa plus belle tenue. Il y avait même un enfant en costume de banquier de la City ! Et puis leur sourire, spontané et extrêmement communicatif peut vite faire oublier toutes les différences qu’il y a entre nous.
C’était
difficile pour moi au départ de prendre des portraits. Étant d’un naturel
timide j’ai toujours peur d’importuner les gens et de violer leur intimité. Peu
à peu j’ai réussi à le faire et ce fut un véritable plaisir car il faut
admettre une chose : les Togolais savent poser ! Ils ont un
« swag » qu’il nous est bien difficile de copier. Que ce soit par
leur sourire Colgate, par leur regard très intense ou par leurs expressions
inimitables, ils offrent à l’objectif quelque chose d’unique.
Succès de Marguerite et de son appareil photo |
D’un point de vue humain ce voyage était donc très fort. Car en plus des villageois, j’ai fait la connaissance des membres du Rotary Club.
En
effet coup de pousse ce n’est pas 2 yovos (= blancs au Togo) qui débarquent dans
un village en balançant des casquettes et des ballons de foot pour faire
sourire les enfants. coup de pousse, c’est une association qui réfléchit avec
des intermédiaires et volontaires togolais experts dans leurs domaine (santé,
génie rural, éducation, agriculture…) sur les moyens les plus efficaces et
adaptés à la culture locale pour mener le plateau de Nagou, Boré, Djapak et Lokpergou à l’autonomie
et même à une forme de prospérité. J’ai été frappée par l’importance de ces
discussions : sans l’avis et la connaissance de ces experts, avec
la meilleure volonté du monde, nous irions droit dans le mur en essayant
d’appliquer des solutions bien françaises à des problématiques bien
togolaises !
Cela
implique beaucoup de circonvolutions politiques, de la diplomatie, du formalisme et donc beaucoup de
patience mais c'est le seul moyen d’atteindre l’objectif donné.
Photo volée par des paparazzi : Marguerite se repose en tenue locale et à l'ombre d'un manguier |
Cela
m’amène à la deuxième force de ce voyage. L’épicière* que je
suis a pu assister en live à un business case des plus intéressants. Car coup
de pousse est une petite start-up avec un budget, des Key Performance
Indicators, une stratégie court-terme et long-terme, des fournisseurs, un plan
de communication et une politique RH… C’est fascinant (et souvent une belle
leçon) de voir comment cette start-up est gérée par son CEO Patrick et son
bras-droit Florence.
La
troisième force (oui, je suis formatée aux plans en trois parties) de ce voyage
fut culturelle. J’ai adoré découvrir cette partie de l’Afrique Noire : les
grottes de Nok, la vue depuis Piglou, la pintade grillée, les mangues, le
SportActif, le tissu Wax, la nonchalance africaine, les 40°C à l’ombre, les us
et coutumes chez les Moba,… J’en ai pris plein les yeux.
Alors,
oui, j’ai loupé un cours de marketing pour partir au Togo, mais à la place j’ai
eu :
- un cours de négociation (quand on parlemente avec le chef de village ou avec le préfet, ça nécessite de la flexibilité et des pincettes),
- un cours de LV3 (je connais au moins 3 mots de Moba maintenant),
- un cours de SVT (l’agriculture intensive et ses méfaits, la rentabilité de l’engrais et des semences hybrides),
- un cours de comptabilité (comment gérer la caisse d’entrée des grottes de Nok),
- un cours de stylisme (je sais porter pagne et boubou comme une vraie togolaise).
Et puis surtout, un très beau et utile cours d'humanisme !
* surnoms donnés aux étudiants des écoles de commerce (NDLR)
Je suis un fan de Marguerite au Togo. Qui suis-je ?
RépondreSupprimer